Alerte catastrophe

Je m’enfonce sous la couette en poussant un long soupir de soulagement. Quel délice de pouvoir se laisser couler dans un monde de douceur et de tiédeur bienfaisantes après une longue et dure journée de travail. Ivre de bien-être, je flotte dans une mer de plumes comme une bactérie dans l’océan primordial, je lévite telle une bulle de savon en pleine ascension spirituelle, je me sens aussi légère qu’une meringue posée sur un lit de crème chantilly.

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Monstrueux mystère

L'homme était petit, mais sa présence ne passait pas inaperçue. Debout sur une caisse en bois, les bras et les mains gesticulant au-dessus de la foule pour appuyer son discours, il était vêtu d'une redingote toute en paillettes dorées et d'un pantalon noir brillant qui tire-bouchonnait sur des bottes rouges en faux croco. De sa chemise à jabot jaillissait un long cou maigre et ridé qui lui donnait l'apparence d'un vautour vieillissant. Une moustache stylisée, accrocheuse, dissimulait en partie la pâleur de son visage.

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Cap’taine Rascasse

Foutue journée ! La pluie tambourine contre la fenêtre, martelant mon crâne déjà martyrisé par une longue nuit de solitude et d'ivresse. Je sais bien que le whisky ne fera pas revenir ma femme, d'autres ont déjà essayé, ça ne marche pas ! C'est juste une tentative d'oubli qui te revient en pleine gueule le lendemain matin, la tête en enclume et l'haleine d'un tuberculeux en phase terminale en plus.

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Sidérale déception

‒    Chef ! Chef, réveillez-vous ! ‒    Hein ? Quoi ? Que pasa ? ‒    Chef, c'est la sirène, il y a une alerte ! Prosper ouvre un œil. Juste un, l'énergie utilisée pour soulever une paupière lui promettant un week-end entier de récupération. Gilou est penché sur lui et le secoue prudemment. Réveiller le chef peut parfois avoir des conséquences douloureuses. L'adjoint fixe intensément l'œil ouvert, chargeant son regard d'un message qu'il espère rempli d'urgence.

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Retour au naturel

J'entame aujourd'hui le huitième volume de mes "Pensées". Comme les premiers carnets, celui-ci est fabriqué sur mesure, tout spécialement pour moi. Sa couverture en cuir d'agneau pleine fleur estampillée des armoiries des Saint-Clair, les feuillets de papier fait main, le fin marque-page en fil de soie de Bagdad, tout concourt à rendre cet objet exceptionnel et inestimable.

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Même pas malle

Assise à la terrasse du Café Clochette, Blanche broyait du noir en buvant un p'tit noir. Elle venait de claquer huit cents balles pour des fringues délirantes qu'elle ne porterait jamais. Même dégriffées, ça égratigne. Un top Isabel Marant, comme si le nom de la créatrice avait le pouvoir de lui rendre la banane, un bout de tissu si minuscule qu'elle n'osait pas calculer le prix au mètre carré de peur de se mettre à chialer.

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